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.:: Le petit prince desert ::.
Thursday 25 December 2003

Matin froid de Novembre.
Il se pourrait bien qu'il neige d'ici peu. Il a eut un peu de mal a quitter sa femme ce matin. Un sentiment pas très bien définis, peu être de la peur sans qu'il veuille se l'avouer. Il essaye de ne pas y penser, de ne penser qu'a ces prochains mois qu'il va passer loin de chez lui, avec les autres.

La base, l'escadron, le parking, quelques têtes famillières, un peu de réconfort. Il descend ses bagages, les mets avec les autres, sur la palette dans le hangar. Serre quelques mains, fait quelques bises, le visage grave. Peu sourient, tous sont grave, s'interessant a un détail,une bétise. Le bar lui offre un peu de chaleur, un café, un sourir.
Puis c'est l'hueure de monter dans le Transall, vers l'inconnu, vers Istres puis ailleur, là ou il n'est jamais allé, là ou il doit aller faire la guerre. Dans ce Transall qui l'emmène, il essaye de se rassurer en discutant avec les autres de toutes les tactiques qu'il a apprises pendant sa formation de pilote, de tous les briefings qu'il a écouté, de tous les vaccins qu'il a reçus. Istres, un rapide changemen d'avion, une nouvelle place contre un autre, puis le grand saut, le départ vers la guerre.

Tout bien réflechis, il se dit qu'il n'en a pas peur, qu'il s'y est préparé depuis longtemps, que c'est le métier qu'il a choisi. Lui , il l'a choisi, mais pas sa femme, qui sans pleurer ce matin, lui a quand même montrer toute sa détresse devant l'inconnu. Il ferme les yeux, cherche dans le noir, l'oubli qui rassure, le souvenir qui appaise. Des yeux bleux dansent devant lui, ceux de sa fille. Ca serais tellement simple si il avait a la défendre, oubliés les soucis, oubliés les peurs, seul compterait la survie de sa famille. On est pret a tout pour ça. Mais la , si loin, pour ça, même si ca semble inacceptable, même si ca l'est, c'est tellement loin de chez lui. Le vol continu doucement, sans qu'il n'y ait rien a voir, rien d'autres que les nuages, de beaux nuages, ceux avec lesquels on aime jouer dans le ciel, ceux qu'on épouse d'un coup de manche, ceux qu'on caresse d'un bout d'aile.
Pourquoi le ciel lui parait si noir d'un seul coup, alors qu'il n'avait jamais vu que la recherche d'un soleil que le temps, parfois refuse aux terriens ? La fatigue et la tension l'endorme. Il ne verra pas la percée a travers ces beaux nuages, la couleur du sol qui change, et la base qui va l'acceuillir. Sursaut, peur, presque un début d'affolement lorsque les roues touchent le sol et que le soubressaut de l'avion le réveillent. Il comprends, écrase son nez contre le hublot pour voir quelque chose, savoir ou il est. Il le sait déja, mais il veut voir, avant de quitter l'avion ce que va être son futur.

Il n'y a rien. Du bleu , éclatant, trop fort, trop bleu. Du jaune, trop clair, trop plat. Au loin, une montagne, un monticule ocre, acéré, agressif. Rien de beau de rassurant. L'avion s'engage sur le taxiway, découvrant un grand aérogare blanc, sans grâce, propre, net, au pied duquel il voit son futur, ou du moins une partie. Des tentes, les tentes de l'armée, vert fonçée, bien alignées, un peu jaunie par la poussiere. "Super...." se dit il. Les moteurs se coupent. Ils voit quelque copain en bas de l'avion, venus chercher la relève, ou acceuillir les nouveaux. Pas difficile de deviner qui rentrera demain ou après demain, il suffit de regarder les sourires des gens. Si il pouvait être sur de sourire aussi quand l'avion reviendra. Ou au moins d'être la pour le prochain avion.

Débarquement, coup de massue, il fait au moins 35°, pas d'ombre, l'air est sec, irréspirable, chargé de poussière. On lui donne un masque à gaz, quelqu'un les rassemble, leur dit des truc qu'il n'entends pas. Derrière lui deux 2000 décollent en PS, pleine charge PC, monte un peu et aussitôt se séparent en FMD , en bout de piste, pret a se battre.
"....pisser par terre, vous êtes en terre sainte, ils sont très vigilant vis à vis de ça"
Il se retourne :
"il a dis quoi là ?"
"Faut pas pisser par terre, sinon tu va en tole, c'est tout simple"
"heu il rigole là ?"
"Pas du tout, la première fois il a fallu que ce soit le consul qui sorte les gars de tole, rien de drôle, surtout qu'ils ont un peu tendance a tapper sur les infidèles"

Puis les autres arrivent. Plaisir de voir des copains, présence rassurante de gens connus, ambiance famillière de DETAM. Enfin quelque chose d'habituel On prends ses bagages, on l'emmène a l'ombre dans une tente, on lui offre à boire. Il pose toutes les questions qui lui passent par la tête, veux tout savoir tout de suite. Il est pourtant dèja tard, une fois les formalitées terminées. Il fait toujours chaud, toujours sec, trop chaud trop sec. Il prend possession de sa tente, plutot leur tente, ils sont 4 dedans, sans place ni placard, sans clim ni fraicheur. Seule la fatigue des 14 h de voyage l'assomme dans son lit de camp, son masque a gaz posé a la tête du lit.

Au matin suivant, il est un peu plus chez lui. En se levant, il ne peut que s'extasier une nouvelle fois devant la beautée du désert. Ce n'est pas le désert qu'il a connu en Afrique, mais ça reste beau toute ces dunes a perte de vue, d'opposant au bleu du ciel. C'est calme, reposant, serein. Habillé, rasé, reposé, il est pret a commencer. Hier on lui a montré ou se trouvait les OPS, le poumon du dispositif. Enfin un "batiment". Sorte de container posé sur le beton déja brulant du parking, mais ou la clim fonctionne. Dedans c'est une ruche bourdonnante. Il retrouves les officiers rens de chez lui, regarde quelques photos qui placardent les murs. Partout des fiches rappellent les domaines de tir des missiles soviétiques ou de quelques autres occidentaux. Il croit même reconnaitre la photo d'un ROLAND. Puis le chef arrive, tout le monde se lève, le silence se fait.
"Asseyez-vous"
Et le briefing commence. Les cartes défillent, lesphotos défillent, d'autres photos d'autres cartes, des grilles de fréquences, des procédures de ravitaillement, de retour, de récupération. Après le chef il y a eut les Officiers Rens, puis les gens du NBC, puis l'officier de sécurité des vols. Puis enfin cela s'est fini, lui laissant la tête bourdonnante de plein de chose qu'il ne connaissait pas.
"Ca pique un peu au début, mais ca vient vite tu verras. Le plus dur c'est l'AWACS avec les ricains. On comprend rien a ce qu'ils racontent"
"On travaille beaucoup avec eux ?"
"Tout les jours pour toutes les missions. T'as fait TLP ?"
"non"
"Ben c'est comme a TLP mais en plus grand, sans limitations"
"Sans limitations ?"
"Non, aucunes, ici on fait la guerre, fini l'entrainement.....D'ailleur, comme demain tu voles, il est temps d'aller chercher le dossier de la mission"
Du concret, il allait pouvoir enfin traviller sur du concret. Pas trop sur de tout avoir bien compris lors du briefing, mais au moins, il arriverait a se débrouiller avec son dossier de mission.
"On sera Combien ?" demanda t il
"Français 24, américains pleins, on regarde pas trop, de toute façon c'est impossible de savoir combien on sera, il y a trop de doc a éplucher"
Chagement de container, changement d'ambiance. Ici il est chez lui. Des cartes de la zone, des traits rouges, bleus, des manuels d'armements, des courbes de tir, des règles de nav. Et sur un coin de table une énorme liasse informatique.
Son copain met la main desssus :
"La, t'as juste ton trajet, tes frequences, avec qui tu ravitaille et ou. Comme il y a quelques avions dans le coin et que ce document regroupe les infos de tt le monde, il faut faire le tri. Tu comprends pourquoi on ne sait pas combien on est ?"
un peu effaré:
"Ca fait combien de page ça ?"
"Pas loin de mille....Mais tu va voir, c'est pas compliqué"

Mille pages.... Mille pages.... Mais mille pages de quoi ? Le plus gros qu'il avait jamais vu pour un dossier d'objectif, c'etait son dossier de mission de guerre, quelque part loin dans l'est. AVec toute la documentation ca faisait 10 pages, 15 pages peut etre, mais mille pages !!! Qu'y pouvait donc y avoir dedans ?
"En fait sur les mille pages, il n'y en a pas beaucoup qui nous interessent. Les OR font le travail a notre place en degrossissant le boulot et en cherchant ce qui nous interesse. Tu connais un peu comment ca marche ?"
Lui , embété :
"Heu en fait non pas trop, moi le dossier de mission que j'avais c'etait pour ma mission de guerre. En fait j'ai jamais travaillé avec les ricains"
"Donc je t'explique : Les ricains travaillent avec deux document principaux qui sont édités par une cellule spéciale. Le premier c'est l'ACO Airspace Coordination Order. Ca rescence toutes les lignes, positions , routes à suivre, axes de ravitaillements et autres zones speciales. Nous on ne touche pas a ça c'est le boulot des OR. Ensuite il y a l'ATO, Air Task Order. C'est le contenu de la misiion du jour. En fait pour etre excat c'est le contenu de toutes les missions du jours. C'est pour ça qu'il est si gros ici. On y retrouve tout ce dont on a besoin pour preparerla mission , notre mission. On y trouve notreindicatif, notre n° de mission, sur quels axes on ravitaille et a quelle heure, par ou et a suelle heure on entre, par ou et a quelle heure on sort des lignes, qui fait la sweep, qui fait le brouillage, quels sont les targets, avec quel armement on les traites, etc. Et si tu veux ere complet, et il faut etre complet, tu peux savoir qui est devant nous avec les heures et qui est derrière nous avec les heures aussi. En fait tu peux savoir exactement qui fait quoi, ou et comment. Ces mille pages, c'est la bible. Comme on peut pas exploiter tout nous même, ce sont les OR qui recherche les missions françaises, mettent un coup de stabilo au debut de chaque mission. Ensuite c'est le leader et le deputy qui s'occupe de prendre les infos, et grace a celles ci de preparer la mission."

Mille pages.... Il commençait a comprendre l'enormité de la chose. La dedans il y avait toutes les missions du jour. Tout les avions qui volaient, tout ce qui volait le jour J avait tout ce dont il avait besoin dans ces milles pages. Cela sous entendais aussi que ces mille pages etaient editées chaque jour, jour apres jour. Impressionante organisation. Bien sur qu'il en avait entendu parlé, mais s'y trouver confronté l'impressionait. Il ne pensait pas pouvoir s'en sortir. D'une main il approcha le document, commenca a lire la première page. Forcement tout en anglais. Les premières pages etait un laïus qu'il eut bien du mal a dechifrer. Puis un trait de stabilo vert apparu sur une ligne. Un N°, un indicatif, un chiffre, 12, puis les avions . 12 Jaguars etaient engagés dans la mission d'entrainement de demain.. . 12 jaguars, ca le faisait un peu rever. Pour ses qualif CP, il avait rarement eut plus de 4 avions, des fois 6, mais les deux suplementaires etaient des elements libres, dont il ne s'etaient pas beaucoup occupés.
Il se demandait comment on pouvait gerer 12 avions, surtout pour un ravito. Justement il y en avait un demain.
"Si j'ai bien compris, demain vous etes les cobra, vous decollez a 11H40Z ravitaillez a 12H10Z, pushez a 12H40Z pour le target a 13H00Z ?"
"oui"
"La sortie se fait par AL 04 à 13H30Z ..."
Moment de silenc pendant que son copain fouille dans la doc, verifie les données.
"vivi"
"Ok c'est vrai que c'est pas tres compliqué quand c'est surligné. Mais le ravito à 12 on fait comment ?"
"En fait on fait 6 + 6. IL y a systematiquement deux ravitailleur en zone. Il sont en box. les zones sont suffisament grandes pouravitailler tt le monde en ligne droite. Donc pas de problemes particuliers, ni pour la rejointe, ni pour le rassemblement a l'issue. C'est meme plutot sympa de voir autant d'avions ensemble."
Il essayait de s'imaginer le ravito en box avec autant d'avion. Il avait bien entendu parler de cette methode de ravito en france mais personne ne l'avait jamais utilisée.
"Pour la rejointe, c'est un petit peu different de ce qu'on a l'habitude de faire par contre..."
"C'est a dire ?"
"Ben les ricains, ils ont tous un radar, donc leur procedure, c'est une zone dans laquelle tourne le tanker, sans heure precise ni point precis. Par fois pour nous c'est un peu dur. D'ou l'importance de bien brieffer par telephone, si tu peux un point et une heure de rejointe. Remarque que les ricains n'etant pas habitués a cette methode, on a des fois du mal. Mais le plus souvent on ravitaille sur nos boeing, donc on briefffe avec eux et pas de problemes"
"Ils ont quoi les ricains ici comme tanker ?"
"Des KC10, tu verras c'est enorme comme truc, ca deborde de fuel, on peut en prendre autant qu'on veux"
"Jamais vu"
"tu verras apres demain, tu voles. On t'as decallé, demain c'était trop tot"
"Comment tu sais ca ?"
"L'avant veille de la mission on reçoit un draft, c'est a dire un brouillon de ce qu'on va faire. Mais la c'est l'heure de la bouffe, donc on va manger"
"Deja ?"
"ET oui mon vieux, on a des creneaux, sinon il sn e s'en sortent pas au niveau des cuisines, surtout avec les horraires a la con qu'on a des fois"
"A la con ?"
"Il nous est deja arrive de nous lever a 4H30, pour un decollagea 6H00. "
"Ah .... C'est vraiment la guerre alors ?"
"Oui...."
Ils marcherent en silence vers la tente du refectoire. Son copain regardait par terre, les mains croisées dans le dos. D'un seul coup il eut tres froid.

A table il ne sut pa trop quoi dire. Les bruits des moteurs qui demarraient lui donna un pretexte.
"La mission du jour ?"
"Oui, pas grand chose d'interessant, juste une mission franco française avec des 2000."
"Pas de ricains ?"
"Non ils ont Day off aujourd'hui"
Le repas fut vite avallé. de toute façons il devenait impossible de parler avec les bruit des moteurs qui enflait aux fur et a mesure des mises en route. Ils sortirent et allerent sur le parking voir les copains qui partaient en vol. Un vol d'entrainement, un vol simple, mais demain ou apres demain ? Il ne pouvait s'empecher de penser à ça. Demain ou apres demain des copains decolleraient, comme aujourd'hui, mais pour de bon, chargés de bombes.

Combien reviendraient ? La question etait cruelle, parce que personne ne pouvait donner de reponse, parce que les eventuelles reponses, dans le meilleurs des cas, ne disaient que un jour ils auraient fait leur travail, mais que le lendemain, il faudrait pour d'autres, pour lui aussi, affronter la cinquième armée du monde. Comment croire que tous rentreraient ? Qui seront les premiers ? Il regada les avions qui s'envollaient en dechirant l'air. Les Jaguars avaient visiblement bien du mal, il faisait chaud, tres chaud, surement trop. Mais tous s'arracherent a la pesanteur et bientot seules quelques fumées noires dans le lointain trahissaient leur presence.
"On y va ?"
Il sursauta presque, bien sur qu'on y allait, seul moyen de tromper cette angoisse qui montait.
"c'est quoi le programme ?"
"En fait comme il y a beaucoup de boulot tu vas voir qu'on est pas beaucoup pour faire tout ce qu'il y a a faire. Toutes les bonnes volontées sont les bienvenues. Tu claqueras les GPS"
"GPS c'est quoi ce truc la ?"
"Je vais te montrer c'est assez genial"
Ils rejoignirent les ops et retrouverent un peu de fraicheur. Toujours la meme agitation, toujours autant de monde, toujours autant de cartes partout.
"4737" lui dit son copain en tappant un code sur une serrue digitale
"c'est le code de la porte"
Il se dirigea ensuite vers un ratelier avec plein de ... Ca ressemblait beaucoup a un autoradio ce truc la. Ce fut la première chose qui lui vient a l'esprit. Un autoradio sans lecteur de cassette, juste avec un ecran, et un clavier style telephone sur le devant. Le tout dans un boitier noir en métal.
Ils ressortirent, s'accouderent a la table et son copain commenca a raconter l'histoire de cette curieuse boite noire
"Donc ca c'est un GPS pour Global Positioning System. En gros ca se base sur des satellites ricains pour determiner ta position exactement."
"De la navigation par satellite la dedans , dans un truc si petit ?"
"Etonnant non ? Quand on voit la taille et le prix de la centrale des CR ! Et je peux te dire qu'ils sont bien content qu'on ait ce truc la, parce que ca derive pas. Eux leur centrale c'est mieux que notre puit de nav, mais ca derive aussi. Et comme dans le sable, y a pas beaucoup de points de repères, ils viennet en PS sur nous pour recaller au top. On s'est un tout petit peu moqué d'eux au debut."
"J"imagine bien vi "
"Ce qui est drole c'est la façon dont on les a reçus."
"Explique"
"Depuis que les premiers sont arriver ici, tt le monde hurle que l'on a pas de moyens de navigation fiable et que donc avec nos pauvres Jaguars, même si on a l'habitude du sable africain, on a quand meme beaucoup de mal a etre aussi precis qu'on nous le demande. Donc tt le monde se cassait la tête pur savoir comment on pourrait faire pour ameliorer l'avion. On a parler de centrale, de plein de trucs, jusqu'au jour ou un meccano a dit : Moi j'ai peut etre une solution. Je fais pas mal de bateau et j'ai entendu parler d'un systeme de positionnement par satelitte qu'utilise les gros bateaux. On a fait des recherche et on a decouvert le systeme GPS. DOnc le chef a convoqué le commissaire et lui a dit: je veux ça.
Le commissaire en question a fait des recherches et a trouver un magasin qui vendait ça. Il a sauté dans le premier avion pour la france, est allé a Cannes chez un Shipchandler et lui a dit je veux 40 GPS. Imagine la tete du type, surtout quand on sait que ces bestioles ca vaut 40.000 francs pieces. Il a pas put tout avoir du premeir coup mais maintenant on en a suffisament pour bosser . Et honnetement sans ça, je vois pas tres bien comment on aurait fait" (NDLR cette anecdote est vraie)
Il ne put s'empecher de rire, un marchand d'accastillage au secours de l'armée de l'air, l'histoire etait croustillante. Puis il essaya de comprendre le fonctionnement de l'engin. En fait c'etait pas bien sorcier. On rentrais les coordonnées geographiques d'un point, lui donnait un nom, puis on se dirigeait vers ce point. Tout simple en fait, presque magique.
"Et ca marche tt le temps ?"
"Juste une petite restriction. Comme l'appareil est installé sur la gauche de l'avion, si jamais tu dois prevoir un circuit d'attente pendant ta mission, il faut le faire par virage droite, sinon on perd le signal."
"Ah... virage droite..."
Ca ne pouvait quand meme pas etre parfait !
Ca representait quand meme un sacré progres. Le probleme du Jaguar c'etait , outre ses moteurs poussifs, son puit de nav. Un systeme de pointe quand il etait sortit, mais qui maintenant accuser son age. Surtout c'etait pas pratique au possible. Ca fonctionnait avec des plaquettes en plasitque, qu'il fallait poinconer en fonction des coordonnées qu'on voulais mettre dessus. En plus d'etre long a programmer, on ne pouvait pas mettre exactement les coordonnées que l'on voulait , il fallait faire des aproximations. Bref tout le contraire d'un sytmem moderne. Le GPS ca ouvrait donc un horizon nouveau. Tant mieux parce que apparament il y avait pas mal de chose a faire en plus, ici.
Par exemple une mission a 12 avions, ca ne se prepare pas comme un "vulgaire " ASV4. 4 avions sur un objectif, on deconflicte facilement, presque a vue, sans avoir de calcul compliqué a faire. 12 avions ca multiplie pas les problemes par trois, mais presque par 12. Faut separer avant, tracer l'attaque pour tt le monde, prevoir la rejointe de tout le monde, voire les secteurs de degagements. Plein de chose qui ne sont finalement effleurées a 4 avions.
"T'inquietes pas lui avait dit son copain, ici t'as beau etre CP c'est pas toi qui leadera les 12 avions. C'est drille min. Quand tu aura été laché, t'aura ton box comme les autres et donc ton boulot sera presque le meme que d'habitude"
Il n'empeche que il etait quand meme un peu inquiet.

L'apres midi s'ecoula doucement, en lisant toute la documentation, les procédures, verifaint la programation de sa balise de detresse. Ca aussi c'etait un truc nouveau. Il n'en avait jamais vu de comme ça avant. Encore une fois , celle là etait beaucoup mieux que celles qu'il avait connues avant en france. Finalement la nuit vint doucemement, dans le calme. Un tour rapide par le bar apres le repas, mais rien a boire d'autre que du Coca ou autres boissons sans alcool, terre sainte oblige. Il sortit . Le ciel etait couvert d'etoiles, l''air etait frais. Il chercha la Grande ourse puis l'etoile Polaire. Il regarda a gauche vers l'horizon, vers l'ouest.
Sa fille devait dormir, là bas, si loin.
Il ecrasas sa cigarette et alla se coucher.

Hurlement d'une sirène. Il entendait bien que quelque chose gueulait. Il se redressa sur son lit. Penombre, ombres qui bougeaient. Juste la lumière d'une lampe de poche qui fouillait la tente. Une silhouette bizarre. Quelqu'un s'approche de lui. Il ne le reconnait pas. Une espèce de grosse tete diforme, une voix etouffée qui crie, lointaine :
"Ton masque vite, c'est une alerte !"
Il se retourne, tatonne, la lampe de poche le guide vers son masque a gaz. Il l'ouvre le met. Il reste assis là, a essayer de finir de se reveiller. Un coup d'oeil a sa montre. Il est 3h du matin, la sirène gueule toujours.
"Allez allez vite!"
Il sors de son lit, voudrais bien s'habiller, mais on le tire dehors. Juste le temps de prendre son blouson. Les etoiles brillent toujours autant. Pas trop le temps de les admirer, on court vers l'aerogare, tourne au coin d'un batiment, descend un escalier. Il se retrouve au milieu d'autre comme lui, mouches grotesques, perdues, pas reveillées. Un recoin avec des lits. Un panneau "PN ONLY" . Il se couche. IL voudrais bien se rendormir. Mais c'est impossible, avec le masque c'est impossible de dormir. On a deja du mal a respirer. La buée envahie le masque. Ok respirer doucement, calmement. Petit a petit , son champ de vision s'eclaircis de nouveau. Il put observer les autres. Ils sont tous dasn une espèce de cave. Les plus habitués ont eut le temps de mettre un pantalon de survetement. Personne ne parle. Une ampoule se balance au bout d'un fil electrique, jettant sa clairtée blaffarde. Certains sont debout, d'autres assis. Certains tournent en rond, comme des lions en cage.
Pres de lui, les autres pilotes. Il peut voir les yeux de certains. Pas de peur, juste une resignation, comme si il etait ecris depuis toujours qu'il faille en passer par là. Puis une voix:
"Ok fin de l'exercice, c'etait pas mal aujourd'hui. Bonne nuit a tous!"
Soupir de soulagement collectif, bruit des elastiques des masques qu'on enlève. Pas beaucoup plus de conversations ne se font entendre. Dehors quelque uns allument une cigarette, il en demande une lui aussi. La grande Ourse est toujours là, la polaire aussi. Il fait froid. Qu'est ce qu'il fout ici, si loin ?

Le lendemain matin, c'est le bruit des PC qui le reveille. Coup d'oeil a la montre, 6 h du matin. Pas une bonne nuit, pas du tout une bonne nuit. Direction la douche, habillage, le mess, un café dans le silence d'une nit qui n'est pas finie, une cigarette dehors en regardant le soleil se lever, un bonjour a un copain qui passe.
"Salut, bien dormis ?"
"Une nuit de bébé, comme toi ....."
"Ca va quand même ?"
"Oui oui , pas de problemes"
"Bon moi j'en ai un, il me manque un pilote pour la mission de 14h, j'ai que toi sous la main, tu te la sens ?"
"Bien sur !"
"Ok on va la finir alors, tu seras mon 2"
Direction les OPS, au loin le jour commence a poindre, en jettant des lueurs rouges. Une fois arrivé, il est encore surpris de voir que, malgrés l'heure matinale, c'est toujours une ruche.
"Personne ne dors ici ?"
"La première mission que tu as entendus decollé ce matin a brieffé a 4H30... Certains n'arrivent pas trop a dormir après les exercices aussi. Alors ils viennent ici pour lire l'ATO ou se rememorer les procedures. En fait c'est jamais vide, il y a toujours quelqu'un. C'est pour ça que la cafetière est un element indispensable...."
"AH oui... T'en veux un ?"
"oui s'il te plait, pendant ce temps la, je vais voir les derniers changes puis je t'explique la mission"
"OK"
La cafetière est dans un coin de la pièce. Deux gobelets.
"Du sucre ?"
"Oui un merci"
Penché sur la liasse son copain feuillette les pages. Compulse d'autres feuilles a part, mets des coup de stabilo
"Tiens..."
"Merci"
Sans lever la tete, le café est vite bu. Un OR rentre, viens vers eux.
"Tiens le dernier change"
"Ca donne quoi ?"
"Les F15 feront la CAP comme prevus mais les Ravens ne seront pas la"
"Bon on pourra parler a la radio alors "
L'OR partit vers son bureau. Il prit les feuilles, jetta un oeil dessus.
"C'est quoi le problemes avec les Raven ?"
"Trop de puissance, ils brouillent meme la radio. On attends les Have Quick pour resoudre le probleme, mais y a rien qui se pointe a l'horizon..."
Tas de carte jaune sur la table. Il regarda les traits.
"C'est la mission du jour"
"On fait quoi ?"
"Tout simple, on attaque et on rentre, les CR font la pre et post strike, juste pour les frenchies. Derriere il y a 24 F16 qui remettent une couche. Le tout est couvert par les F15 au dessus"
"Un awacs ?"
"MAGIC sur TAD 115"
"Pas de ravito ?"
"Non pas aujourd'hui. C'est d'ailleurs pour ça que je te mets sur la mssion. Ca fera ton laché, sur une mssion simple . Tu comprendra un peu mieux comment ca marche aprés."
La fin de matinée passa vite. Le temps de recopier les cartes, de programmer les GPS, de verifier l'equipement, de reverifier les balises, de tout bien plier pour que ca rentre dans la cabine. Un dernier briefing avec les OR sur la situation, puis un repas rapide au mess. Ensuite Brieffing de la mission. Il ecoute d'une oreille distraite, perdu dans ses cartes, ses fiches. Juste un coup d'oeil de temps en temps pour voir les schemas des attaques, verifier que ca corespond bien a ses cartes. Il repasse les traits sur sa carte, surcharge encore une fois les parametres de tir.
"Des questions ?.... non ? ..... Il est 13H15 et 15 secondes, je vous donnerais le top a 16"
Silence
"4,3,2,1 Top 13h16, fly safe, see you on freq"
Raté. Pourquoi il a les mains moites ?
"Tu peux redonner le top a 17 s'il te plait"

Le vestière, l'antiG, le casque, les gants, le GPS, le gilet. Qu'il est lours ce gilet ! Et encore il n'y a pas le pistolet dedans. En plus c'est pas pratique, ca gène les mouvements des bras. Dehors, equipé, il fait encore plus chaud. La piste, la forme 11, une signature, diection l'avion. Ils sont là, sous le soleil. les mecanos enlève du cockpit les papiers de protection contre la chaleur. Il monte l'echelle. Serre le frein de parc. Tout est OK. Il range ses carte, jure en essayant de rentrer le GPS dans ce support tout neuf et qui coulisse mal, y arrive quand meme. Il descend de nouveau et commence le tour avion avec le meccano. Qu'est ce qu'il peut faire chaud ! Il est deja trempé de sueur. Il sent dans son dos les gouttes qui coulent. Faire doucement, calmement. Ne pas toucher l'avion qui doit etre chauffé a blanc. Certain ce sont fortement brulé, en faisant comme d'habitude, passant la main sur l'avion, le caressant avant de le dompter. Une fois fini le tour il remonte encore uen fois dans le cockpit, s'y assoit. La chaleur se fait plus forte encore. A travers ses gants il sent la chaleur du metal des boucles de harnais. Le brelage achève de le mettre en sueur,. Sous son casque, la sueur coule, en continue, dasn ses yeux. Gout salé sur les lèvres, gorge seche. La verrière restera ouverte pour la mise ne route. Tant pis pour les consignes. C'est pas possible autrement. Radio branchée, volume réglé, il regarde autour de lui. Personne n'a fermé la verrièe. Pas bruit, pas de message. Il donne deux coups d'alternat pour verifier que la radio marche bien. Ca marche pas de probleme. Quelle heure est il ? PAs le temps de regarder sa montre, la radio grésille.
"Cobra check.."
C'est partis.

Les check radio sont vite fait, ici pas de PIM qui bredouille ou qui ne repond pas quand il ne faut pas, à la place d'un autre. Rien que des pro, entrainés, préparés.
"Cobra, Mise en route"
Petit coup d'oeil dehors, toujours pas de verrièere fermée. Ok c'est tout bon. Index levé, regard au mecano, moulinet du doigt dans le ciel. Le pouce levé du mecano. Un coupe feu, deux coupe feu, BP ouverte, une impulsion sur le bouton du microturbo. Sifflement aigu qui se stabilise rapidement. Allumage du gauche, Basculement de l'interpteur veers la gauche. Bredouillement, grondement. Le regime décolle. Allumage, Ralentit. On branche ce qu'il faut brancher. Basculement vers la droite, bredouillement , grondement et le moteur droit est lancé. Le mecano est devan,t l'avion. Tout est bien partit. Verrifier que tout est bien branché, pas de lampe rouge. Test de l'alarme sonore. Tout est bon. Il regarde le mecano devant lui. Suit ses ordres. . Les AF rentrent, les volets sortent, lampes vertes allumées. Le mecano passe sous l'avion. Coup d'oeil au GPS. PAs branché, pas l'habitude de ce truc là. Bouton ON, deux fois OK, page des satellites. Ca marche comme prevus. Le mecano sort du dessous de l'avion, le pouce levé. Coup de pouce aussi, sourire. Tout est bon
"Cobra roulage"
A sa gauche la verriere de son leader s'est baissée. Le Jaguar couleur sable commence a rouler. Brute jaune, promesse de l'enfer. Impressions fugitives. Le ciel trop bleu. Rage du bruit des reacteurs. Ca donnera quoi avec des bombes? La meme impression ou une boulle au fond de la gorge et l'impression qu'il fait soudain froid ? Pas le temps d'y penser, pas le temps de penser. Il ferme sa verriere, verifie l'exctinction de l'alarme, la rouvre. Impossible de tenir verriere fermée sans clim. il suit son leader, presque au nez tant l'odeur de kerosene est forte derrière. masque fermé ca va un peu mieux, mais il fait encore plus chaud. Comme si on vous collait un masque sortis d'un four sur la figure. En arrivant au point de manoeuvre, les F1 decollent. Verrière ouverte le bruit est enorme. Les 4 F1 sont PC mini sur la piste. Il voit le leader qui check ses equipiers. Coup de tete, l'avion bouge, le bruit enfle encore au passe de la pleine charge. Le terre tremble, sa vue se brouille, une goutte de sueur dans l'oeil. Un a un les F1 decollent. Le chrono egrenne les minutes restantes avant le décollage. Trop chaud, il ouvre la verriere et s'apperçoit que tt le monde l'avait fait avant lui.
"Tower Cobra, to taxi in position...."
"Cobra clear Take Off, wind calm"
Ce coup ci, il faut vraiment fermé la verrière completement. Instantanement il a l'impression d'etre enfermé dans un four. Dernieres verifs, allignement a coté du leader, coup d'oeil de l'autre coté pour voir les autres arriver, y a de la place. Tout le monde est là. le leader fait signe plein gaz. Les moteurs repondent normalement, ca monte, temperatures okde l'autre coté aussi, les equipiers font signe le pouce leve que tout est bon. Il repercute vers son leader. Tete en arriere, coup de tete, top chrono, plein gaz, pc mini, ouverture des tuyeres, debit correct. 17, 18 ,19 , 20 secondes. Pleine charge en lachant les freins. Pas grand chose se passe.... Secondes de doute, tout est bon pourtant. Voix du leader dans la radio :
"22 secondes"
AH forcement en france c'est plutot 15 secondes pour 140 kts. La il fait vraiment chaud, ca pousse pas. Voilà l'impression bizarre, ca accellere doucement, tres doucement. La piste defile quand meme de plus en plus vite, le badin monte. Pas le temps d'avoir chaud. 175 kts, il faut y aller. Pression vers l'arriere sur le manche. Le nez qui refuse d'abord de monter, puis qui y conscent doucement. La piste continue a defiler. Seule l'incidence monte. 15°. Arreter de tirer sur le manche. Attendre. Attendre que l'avion accelere encore. 190 kts. Fremissement. 4500 pieds restants; Ne pas arracher l'avion. Attendre encore, sinon c'est le decollage au second regime, la gamelle assurée. Ca y est ca decolle, pas fort, presque a regret. Rentrer le train, diminuer au plus vite la trainée Enfin l'avion respire, accelere normalement. Il peut rentrer les volets et rebrancher la clim.

Bon, il est en l'air, mais ça fait pas tout. MAintenant aut retrouver le leader, histoire d'etre en place rapidement, de ne pas jouer au PIM moyen. Il cherche du regard, partout, dans tout les sens mais rien qui se profile. OK, faire comme en afrique, chercher une ombre sur le sable. Ca marche, le voila, du moins l'ombre. A force d'habitude, il regarde au dessus de l'ombre, où il devrait voir quelque chose. Mais il ne voit rien, rien que du bleu ou du blanc. Pourtant il a bien vu l'ombre, donc l'avion doit etre au dessus ! Bon on reprend, l'ombre, et on monte doucement.

AH voila pourquoi il ne l'a pas trouvé du premier coup Habitude de la france, il a cherché le leader en haut. Pas de chance, il est en bas. Enfin plus bas que lui, beaucoup plus bas. Alors il descend, enchanté par ce droit qu'on lui accorde d'aller là où l'adrenaline coule a flot et où le plaisir est sauvage. Bravo 4 s'annonce airborn, tout le monde est en l'air. Le leader vire a 180° pour aller chercher ses ouailles, tout le monde se rassemble, prend une altitude de vol confortable. Lui il leve encore un peu les pieds, pas trop habitué a la lumière blanche, se meffiant aussi des dunes. On arrive doucement sur le depart de la mission, devant les F1 sont en place, pas tres haut eux non plus. On prend le cap de nav, virage doucement, anticipation pour se retrouver du bon coté en FMD, coup d'oeil a la carte pour voir la suite, verifier qu'il ne se trompe pas. Puis on regarde dehors. Plus rien... Plus un avion. Moment d'affolement, ils sont passés où , 10 secondes auparavant il pouvait voir les quatres avions de sa patrouille en formation, là, plus rien. Doute, demander ne pas demander à la radio, on doit faire toute la mission en silence radio. Il craque :
"Leader position ?"
"3h Bas...."
BAs ? C'est pas possible, il est sous le sable alors. Chercher l'ombre, encore uen fois, la trouver, puis chercher l'avion. PAs trop compliqué cette fois ci, ils sont ensemble. Incroyable, il etait pourtant habitué a voir des gens voler bas, mais là... Il regarde sa radio sonde, 100 pieds. Ca lui semblait deja bien bas. Bon ne pas chercher a descendre plus, s'habituer avant , prendre la mesure du lieu. Eux ils ont deja pas mal de missions ici. CA a beau etre une mission de guerre, ca ne sert pas a grand chose d'etre mort avant d'avoir largué ses bombes, surtout quand on en emmène pas. Alors il resiste a cette envie de leur montrer que lui aussi peut voler aussi bas qu'eux. Plutot essayer de profiter du paysage et de ce qu'il y a a voir. Plutot de ce qu'il y aurait a voir. Aussi loin que porte son regard, il ne voit pourtant rien. Si un derrick qui depasse de l'horizon, un pipeline qui passe, de ci de la quelques chameaux, puis l'immense bleu du ciel, presque blanc a l'horizon , bleu intense au dessus de lui. Et partout ou il peut voir, l'abscence de relief, la platitude absolue.
Un pilote de CR lui avait bien dit qu'ils etaient parfois au PA à 50 pieds. Il avait pris ca pour une pique comme savent en lancer les pilotes. Mais il finit par y croire lui aussi. Pas un seul relief naturel, rien qui depasse. L'ombre sous son leader est rigoureusement immobile, trahissant cette excate platitude. Comme en mer, une mer de sable, calme et piégeuse. Le GPS clignote, annonçant l'imminence d'un virage. Un oeil sur la carte, oeil dehors, prochain cap noté, puis une pression sur le manche pour glisser vers sa future position. Les autres font de même, ballet réglé par des années d'entrainement et de pratique. Pas une hesitation , les fumées des reacteurs prennent docilement leur place au dessus de leurs ombres respectives. Le GPS annonce 50 nautiques avant le point suivant, peut etre qu'il pourrait essayer de descendre un peu plus. L'ombre du leader, toujours immobile, semble l'appeller. Ok, on y va. Doucement, tres doucement, une pression sur le manche, alarme radio sonde reglée a 50 pieds. Là il est bien. AUcune impression d'etre descendus un peu plus, juste son ombre qui s'est rapprochée un peu de lui. Ca le rassure cette presence, pourtant peu familliere. Ca donne un point de repère, une tache noire qui accroche l'oeil. Le leader est ou ? A gauche toujours. Maintenant il peut estimer un peu mieux sa hauteur, encore plus bas que lui. Re coup d'oeil a la radio sonde, pour voir qu'instinctivement alors qu'il regardait aillleurs que devant il est remonté. Pas beaucoup mais vers 100 pieds. Les autres ont vraiment bien entrainés.. .

"Deux, trainées...."
Coup de sang, piqure au vif, le leader qui s'amuse de la position "haute" de son equipier. Il connait ces moqueries, connait les risques, mais pas questions de montrer qu'il ne sait pas faire. Alors, cette fois, il pousse plus franchement sur le manche, pas vraiment franchement en fait , mais peut etre plus fermement. 80 pieds, ca serait pas mal, 70 pieds, allez encore un peu.... 60 pieds. Il commence a rentrer dans le "tunnel" qu'il connait bien, celui de la vitesse et de l'emotion pure, celui où le plaisir du vol devient animal, physique.
On ne voit plus rien autour, que le pare brise et le sol qui defile comme dans un film fou. La respiration qui s'accelere, le corps qui oublie les souffrances de la chaleur et du bruit. Tout rentre dans ce tunnel, puis le pilote absorbe tout avec des yeux d'enfants, d'un enfants a qui on a interdit de jouer avec ses plus beau jouets, a qui on a interdit de voir ce qu'ils avaient vraiment dans les trippes. Ici on lui permet de voir ce que valent ses jouets, des les utiliser au bout de leur possibilités, plus de limites que celles de l'homme, pas d'autres objectifs que de jouer pour de bon à la guerre, à la vraie, celle où l'on meurt. A cette altitude il peut voir maintenant les details du sol, quelques traces de camions dans le sable, rares, quelques chameaux impassibles dont il a l'impression de voir le blanc des yeux. Petit a petit, la confiance vient, le regard s'ouvre, on sort du tunnel, on voit autour de soi, un peu plus sur les cotés. Ca lui permet de jeter un coup d'oeil au leader et de verifier sa place. Trop pres. Une pression sur la gauche, tres doucement, uste pour incliner sans en avoir l'impression et s'eloigner dans la bonne position. Remettre les ailes a plats, verifier le cap, l'altitude ou plutot son abscence, replonger dans ce tunnel quelques instants, le temps de se rehabituer au defilement, aux détails, retrouver la confiance perdue en evoluant. Finalement c'est vrai que l'abscence total de relief facilte le travail, on prend vite gout a ce genre de sport.

Le prochain virage arrive. Encore une fois le ballet recommence, rigoureux precis. Fin de virage, un petit reajustement aux gaz, verification que l'on est toujours en place. Puis on se recoule dans ce tunnel si sympathique, on repart gouter aux plaisirs interdits. Devant il y a les F1. On voit les petits points noirs, juste au dessus de l'horizon. Puis un nuage de sable, une impression bizarre. Des cris a la radio
"Deux cabre CABRE !!!"
Deuxieme nuage de sable plus gros....
"Eject eject !!!!!!!"
Instictivement il a cabré; il a vu, il n'a pas compris. Un nuage noir ourlé de rouge se repand sur le sable. Il cherche des yeux son leader, qui a viré a gauche vers lui , lui aussi en remontant. Recherche du regard quelque chose de rassurant dans le sinistre nuage noir qui monte maintenant sur sa droite. UN parachute il lui semble bien avoir vu un parachute, pourvu qu'il ait vu un parachute... La radio s'affole, le leader des CR parle avec l'awacs, annonce l'ejection. Ouf , avec un zero zero le gars sera vivant. Ca casse l'ambiance mais c'est toujorurs ça de pris.

"Cobra FMO, on rentre..."
"Bravo compris"
Que dire de plus? Combien de temps avant le terrain ? 100 nm...Cela risque d'etre long....

Cela avait été long, tres long, beaucoup trop long. Presque infiniment long. Le fait de remonter en altitude avait arrété le film. Plus de tunnel, plus d'adrenaline, juste la platitude du paysage, qui vu d'en haut, etait d'une monotonie extrème. La radio etait redevenue silencieuse, ils avaient liberé la fréquence initiale, pour laisser la place a l'organisation des secours. Il essayait de se raccrocher à l'idée qu'il avait bien vu un parachute, rouge et blanc, se deployer. Seulement, maintenant, il n'avait que ça dans son esprit. L'avion volait tout seul, personne ne parlait, rien a voir dehors, juste une persistance de ce qu'il avait vu, ce nuage noir. Comment ne pas y penser, l'oublier ? Alors il s'invetait toues les fins possibles et imaginables, en essayant bien de ne voir que le bon coté des choses, en essayant de ne pas envisager le pire.
L'ejection s'etait bien passée, peut être un peu trop bas, au pire le pilote aurait les jambes cassées par un retour sur terre un peu trop brutal. De toutes façons, un siège ca garantis un retour sur terre vivant, pas entier...Ca allait en faire des tournées au bar, pour oublier combien ils jouaient tous avec leur destin, à voler trop bas, trop vite, juste pour le plaisir de se croire plus fort que la mort, pour oublier qu'elle avait encore une fois perdu. Peut être même que le pilote n'aurait rien, il avait du avoir le temps de cabrer un petit peu, juste ce qu'il faut pour que la décceleration se fasse comme il faut, que le parachute s'ouvre bien completement et le pose comme une fleur au milieu du desert. Dieu que ce retour etait long. Il n'avait jamais vecu la même chose auparavant, esperait bien ne jamais avoir a la revivre. Mais rien a faire, toutes ces pensées ne faisait pas avancer l'avion plus vite, ni ne faisait defiler le paysage plus rapidement, encore moins le rendait attrayant. Cette monotonie devint son sujet de preoccupation, c'etait elle la responsable, l'unique responsable.
Ce n'etait pas humain un paysage plat a ce point là. Finalement le desert, ici, etait degeulasse. Rien a voir avec l'afrique, ses dunes de sable rose, ses rochers rouges et ses caravanes, survolées en trombe, dont on enviait le train calme et la sérenité apparente. Plusieur fois, il avait eut envie de les rejoindre, de quitter la vitesse et l'angoisse pour le calme et l'attente du lendemain. Projet toujours reporté, toujours ajourné. Un jour peut être, avec sa famille, il partirait. Il leur montrerait ce qu'il avait vu d'en haut, le tibesti et ses volcan, les lac du desert tchadien, l'immensité des dunes, il leur dirait que le monde peut être beau sans villes, sans routes, sans personne. Juste avec ceux qu'il aime, il pourrait gouter calmement a ce qu'il aime.
Gresillment de la radio :
"Cobra on passe 12"
Enfin le terrain, enfin la percée, enfin quelque chose a faire d'autre que de penser. Le leader avait anticiper le changement de frequence, lui aussi devait penser, lui aussi devait trouver le temps long. Peut être meme pensait il qu'un jour il devrait rentrer sans tous ses equipiers.On lui avait dit qu'il ne serait pas leader, maintenant ça ne le derangeait plus.
"Cobra on resserre ! le terrain a midi, Breack a gauche"
Le leader etait nerveux, il gerait l'anxietée de sa patrouille, le flottement des avions montrant les doutes de ses pilotes. Pas question de le montrer au breack. Au sol ils devaient savoir, il fallait leur montrer que l'on restait des professionels, pret a tout, même au pire. Apres tout ils etaient là aussi pour le pire... Les 4 avions se presenterent dans un echellon impeccable, ultime coquetterie, peut être aussi un ultime hommage.
Aterrissage, roulage retour, encore une fois de long moments qui n'avancent pas assez vite, des moteurs qui mettent un temps infinis a se couper, le meccano qui ne veux toujours pas mettre l'echelle et monter. Alors il n'attends pas, il ouvre sa verrière, degraphe son masque, crie pour avoir des nouvelles, quelques secondes plus tôt, pour entretenir l'espoir. Le bruit diminue, le meccano le regarde, ne dit rien, regard vague, lourd d'arrières pensées. Il cherche a deviner, a rompre cette insuportable incertitude. L'echelle en place, le meccano qui enleve son casque anti bruit, qui monte:
"Pas de nouvelles, on a aucune info, on est comme toi , on attends..."

Machinalement il remets en place les securités du siège que lui tend le meccano, coupe tout les contacts, degraphe son harnais. Il fait toujours chaud, toujours trop chaud. Descendre de l'avion, signer la forme, aller aux OPS, chercher une info. Aux OPS, c'est le calme. En rentrant, il na put s'empecher de demander :
"Des infos ?"
Rien que le silence pour reponse ou un "On attends". Personne ne sais que dire. On se raccrochea des supositions, des peut être, des espoirs. Le café coule, trompe l'ennui de l'attente, tout le monde guette un signe. Les pilotes de F1 sont là, mine grise, les yeux par terre.
"J'ai vu son parachute j'en suis sur !"
"Mais pourquoi il a pas appellé sur la balise de detresse alors ?"
"Un mauvais fonctionnement, ou il etait blessé, inconscient, je suis sur d'avoir vu le parachute..."
L'attente s'installe, on s'occupe comme on peut, on fume un peu plus que d'habitude.
La derniere lueur, le chef :
"Tout le monde en salle de briefing le chef veux nous parler"
Il voudrait bien se presser, mais il redoute un peu, toujours de l'espoir, comme la faible lueur d'une bougie au fond de la nuit. Tot le monde est là, silencieux, debout, anxieux. Le chef rentre, regard triste, visage fermé, celui des mauvais jours. Un coup de vent souffle la bougie du fond de la nuit. Il fait noir, il fait froid.
"Le LTT XXXX est mort en service aérien commandé, ce jour, aux commandes de son Mirage F1."
Il n'a pas entendus la suite. Il ne sait pas ce qui fut dit apres. Que cela pouvait il changer ? Comme les autres il sortit la tete basse. PAs besoin de compagnie dans ces moments là, il vaut parfois mieux savoir être seul.
Le jour tombe, a l'horizon la nuit mange le rose du soleil qui disparait, l'air est calme. Sur le parking, les avions sont rangés comme d'habitude. Il y a un trou dans la ligne des F1. Il allume une autre cigarette, encore une autre. Il voudrait y trouver du reconfort. N'y trouve que du degout. Plutôt aller se coucher, essayer de trouver dans l'oubli du sommeil un pansement a la detresse des hommes.

La nuit , c'est fait pour oublier . On se refugie dans le noir et l'abscence de couleur pour refaire un monde comme on voudrait qu'il soit. Mais les reves sont aussi un morceau de la nuit. Ils amenne de la couleur, là ou il ne voudrait que du noir et du calme. Les images defilent dans sa tête, devant ses yeux qui ont vus. Les heures passent. Il se lève, s'habille. Il ne pourra pas dormir. Dehors, le temps s'est gaté, le vent levé, le sable vole, habillant d'un voile fantomatique les rares lumiéres allumées dans le camps. Au coin de l'aérogare, une cabine téléphonique. Entendre sa voix pour se rassurer, peu importe l'heure. Quelques sonneries, l'impression de violer un moment de paix, une voix embrumée de nuit et de someil
"Allo ?"
"C'est moi... "
"Quelle heure est il ?"
"Je ne sais pas, je voulais juste t'entendre"
Elle ne doit pas savoir, les nouvelles n'ont pas du arriver encore en France.
"J'avais juste envie de te dire je t'aime"
"Moi aussi, je t'aime, mais il est 5 heure du matin ici..."
"La puce va bien ?"
"Oui oui tu lui manque pas encore"
Quelques autres banalités, un au revoir discret, une bise a distance, un peu de reconfort. Pas dupe pourtant :
"T'es sur que tout va bien ?"
"Oui oui t'inquietes pas, je n'arrivais juste pas a dormir"
Retarder encore un peu cette nouvelle separation, plus dure encore que la première, pour ne pas être seul dans la nuit. Puis finalement il raccroche sur un dernier "je t'aime"
Respirer fort, calmement. Pourquoi a t il soudain envie de pleurer ? Il revient vers sa tente en passant devant les OPS. Une lumière. Definitivement pas envie de dormir. Il rentre. Surpris de voir qu'un autre pilote est là, plongé dans l'ATO. Qui relève la tête, curieux.
"Salut"
"Salut.. Toi non plus tu ne dors pas ?"
"Non...non... je ne dors presque jamais. Ou du moins tres peu. Alors je viens ici préparer ma mission ou regarder ce qui se passe. .."
Silence. Moment de presque communion, un regard qui s'échange
"Sale affaire, sale affaire....."
Bruit de pages qui se tournent, silence de la nuit, feulement du vent qui se renforce.
"Tu veux du café ?"
"Allez un café, un cloppe, et c'est repartit."
En préparant le café il pense a celle qui a l'autre bout de la terre, ne va recevoir de ce coin du monde, que toute la detresse de la terre. Qui ecrasée de chagrin et de solitude soudaine trouvera dans la force de l'habitude, le moyen de faire les mêmes gestes que lui. Dehors le vent forcit encore, le feulement s'amplifie, les drapeaux claquent un peu plus fort. Gargouillis de la cafetière qui a fini son travail, odeur rassurante de café chaud, souvenir de petit dejeuner dans un matin chaud d'été avec eux, sur la terrasse, au bord de l'eau.
"Tient"
"Merci"
"Je crois que je vais essayer de dormir..."
"Prend ton temps, demain il fera jour....Et vu ce qui se lève, il n'y aura pas de vol..."
"Ok bonne nuit."
"Bonne nuit"

Dehors la tempète souffle. La tente, son lit, rentrer dans son sac de couchage. La nuit l'engloutit.

Le lendemain, la tempète a noyée le paysage dans le sable ocre du désert. Sortir de la tente est un suplice, on est agressé instantanement par ce sable, fin comme de la farine et qui s'infiltre partout, effaçant le relief et barbouillant tout de sa couleur. Le plus dur reste encore a venir. Puis passe. Le temps fait son oeuvre petit a petit. Il a bien fallu dire un dernier au revoir, en rang sur le parking, saluer un camarade. Longtemps, peut être pour toujours il gardera cette image, ce cerceuil couvert d'un drapeau tricolore, montant dans un Transall, salué par la sonerie aux Morts. Le beau temps est revenus, les vols ont reprit, Implacable energie de l'homme a vouloir oublier la mort. Les jours ont defilés, les nuages se sont accumulés sur l'horizon politique, retardant un peu plus la date d'un départ souhaité mais redouté. La sensation de l'imminence de la Guerre. Puis un jour, le chef qui debarque aux OPS, l'air grave:
"Messieur, le jour J vient de tomber. Nous sommes a J-2. Je tient a vous assurer de mon scincere soutient. Et je voudrais vous lire le message que je vient de recevoir du President de la Republique...."
Encore un discours qu'il n'a pas écouté. La nouvelle etait trop énorme, trop incroyable.
Coup d'oeil vers le drille, reponse muette en forme d'aquiescement, Au jour J il volera.
Le soir même, cadeau du chef, quelques bouteilles d'alcool sortirent d'on ne sait où, grisant la tête de certains. Puis on prepara la mission. L'entrainement avait bien jouer son rôle, tout savait ce qu'il avait a faire. Tout le monde participa, les uns envieux de ne pas faire cette première mission, les autres soulagés de ne pas en être, de ne pas se lancer dans un inconnu chargé de promesses effrayantes. La machine de guerre se mit en place sans problêmes, sans accros. Puis vint l'heure du briefing.

4H30 . Une fois de plus il n'a pas beaucoup dormis. Il s'habille, verifie une centième fois qu'il n'a rien emenné de personnel. Puis il sort une envellope de son blouson. Il la regarde. Il ne sait pas trop quoi en faire, hesite. Puis finalement la pose en evidence sur son lit et sort.

Arrivé aux OPS il est surpris de voir autant de monde, même un photographe. Briefing comme d'habitude, juste un peu plus fourni. Un armurier leur rappelle comment fonctionne le PA qu'ils vont emmener, dérisoire defense si ils se retrouvent au sol. Puis la fin du briefing. Tout le monde s'habille. Pas de rire cette fois ci, plutot des plaintes, des doutes. Le holster par dessus ou par dessous le Gilet ? Et les batteries des balises ont bien été rechargées ? Signature du cahier d'ordre, une page complète pour un seul ordre, avec au sommet une inscription au feutre rouge "MISSION DE GUERRE N°2 F OO1" Doute. Combien reviendrons ?
Dehors il fait toujours nuit. Les avions sont sous les feux des lampes du parking. La configuration a été changée. Des flammes rouges s'agitent mollement dans l'air , marquant les sécurités des bombes qu'ils emennent aujourd'hui. Il ne voit bientot plus que ça. Au tour avion , il les enlèves soigneusement une a une. Verifie tout méticuleusement. Puis s'installe dans l'avion, se brêle. AU moment de fermer la verrière, une main se tend. Surpris il lève la tête :
"Bonne chance, revennez tous s'il vous plait..."
Enorme boule au fond de la gorge, pressque du mal a respirer, ne rien laisser paraitre...
"T'inquietes, j'aime pas le sable ...."
Dernière pirouette, presque murmurée, pas la force de parler plus fort, ne rien oublier pour la mise en route et pourquoi il ne parle pas a la radio le leader?
Verifier la radio, la brancher, mettre en route. Surtout faire comme d'habitude, uniquement comme d'habitude.....

Mise en route, tout se passe bien. Tout les tests sont fait, tout passe bien, tout est bon. Rien a la radio, encore trop tot pour le roulage, quelques tests pour etre sur que tout va bien. Tout est une nouvelle fois verifiés, tout marche.
"Charlie 2 je change d'avion !"
Il a sursauté, la radio etait réglée a fond. Il baisse le volume, donne deux petits coups d'alternat pour juger du volume, l'ajuste encore une fois. Le troteuse du chrono avance, regulière, en accord avec sa montre. Le GPS a accroché tout ses satellites. Au dessus, tres haut, tres loin dans le ciel, 4 trainées griffent le ciel, F15 en maraude surement, avant garde de la bataille qui a commencé aux premières heures de la nuit.
"Cobra Check..."
La guerre commence, la vraie, celle qui tue.
Les membres de la patrouille repondent un par un. Charlie 2 tarde un peu, s'annonce pret. A travers les voix il a chercher a deviner l'etat d'esprit des uns et des autres. Il a essayé de masquer autant que possible ses doutes en repondant, les autres ont certainement dut en faire autant. Le Jaguar de tête s'ebroue, avance un peu, freine. Un meccano fait signe que tout est bon, puis se met au garde a vous et salue. Le pilote repond. Il regarde son meccano, avance la manette des gaz. Lui aussi a droit au salut, peut être un peu plus rigide que les autres jours. Il repond aussi, voudrait sourire, ne peux pas, regarde ailleur, devant. Alors il voit le monde qui est sortit, toute la base qui est là pour les saluer. Au bout du parking, seul, le chef les salue d'un geste amical, avec un sourire qu'il voudrait être franc. Tous savent que c'est lui qui devra téléphoner au cas où....Alors il essaye de sourire lui aussi, juste pour donner une bonne impression, juste pour faire croire qu'il n'a pas peur et qu'il n'a pas froid.
"Cobra to line up..."
"Cobra clear... and good luck"
Le coeur qui s'accelere, le sang qui bat aux tempes pendant qu'il s'aligne. Regard du leader, surveillant ses avions. Plein gaz. Tout le monde fait OK du pouce. Il fait suivre au leader. Dernier regard, plus long que les autres puis la tête qui se detourne, se penche en arrière. Coup de tête, Top chrono, ne plus penser, seulement agir et faire décoller cette foutue bécane. Une fois en l'air, les reflexes de l'entrainement reprenne le dessus. La mécanique se remet doucement en place, les idées reprennent leur logique. Ils sont tous la, chargés ras la gueule, en route vers le boeing qui doit les ravitailler. A la radio on sent bien que c'est la guerre, la fréquence de l'awacs est surchargée, l'ATO d'hier faisait 1500 pages...Tout le monde vole en place, nerveusement. Les boeings s'annoncent comme prevu en place a l'heure prevue. Le leader demande a l'awacs de changer de frequence. Tout le monde passe avec les tankers, puis ressere la formation, a l'approche de l'heure. Les deux KC sont la, l'un au dessu de l'autre. Les 2000 sont avec eux. Il ne peut s'empecher de s'extasier une fois encore de la beautée du spectacle. Les avions en conf de guerre sont encore plus beau. La mise ne place se fait sans heurts. Le ravito se passe tout seul, trop rapidement, il etait bien au calme. Les jaguars se sont regroupés a gauche des KC
"Salut les gars, à toute a l'heure.."
"A toute.... et bonne chance"
"Merci. Cobra on passe Manuelle 4 "
Le check se passe sans soucis.
"Magic, Cobra, any Update?"
"Cobra, Magic, no news, clear to push..."
"Ok les gars , on y va, Cap au nord..."
La patrouille se reforme pusi se dilue petit a petit, au rythme des annonces des F15 qui font le ménage devant. Il lui semble qu'ils essayent de faire le ménage. Verifier le Magic, une nouvelle fois, verifier le son de l'accrochage. 10 minutes passent, toujours avec la radio qui raconte la guerre devant eux, en temps réel, sans filtres, sans jugement. 15 minutes, 20 minutes. Ils doivent approcher du point de descente. Resserer le harnais, bien s'installer.
"Cobra on largue, on descend"
Une verification sur la séléction,verifiée et re vérifiée, appui sur un bouton, et allégé, l'avion bondi en avant. La descente commence. Loin devant, quelques trainées trahissent une CAP. Il verifie la nav, ils sont à l'heure, le GPS trahi une petite derive sur la gauche du trait prevu, pas grave, il n'y a rien dans cette zone. Ils approchent du sol. Les avions cassent un peu leur pente, puis continu a descendre. L'entrainement parle. Il est maintenant aussi bas que les autres, cherchant un improbable refuge contre une menace certaine.La patrouille tient un peu moins bien que d'habitude. Au loin, une ou deux fumées noires montent, rectilignes. Il n'aura pas de soucis de dérive au moment du tir.
"Cobra H -10"
Ca veux dire de verifier une derniere fois les systemes, puis de passer sur Armé. Pret a tout. Les avions se collent un peu plus par terre. La phase finale a été prevue en ligne droite, de façon a être les plus bas possible, confondu avec ce sable qui ne protège de rien. Derrière certains, presque un sillage de poussière. Juste la place de sortir le train et encore... Au loin un semblant de relief, premisses de l'objectif.
"Target 11 h"
Les avions virent.
"Plein gaz"
Son avion accelére, 480 kts, bientot 500kts à 10 mètres du sol. Retour du tunnel, une goute de sueur qui coule. Couper la clim, pour avoir un suplement de poussée. Il commence a voir les limites de la base. Puis aussi quelques flash blanc.Un cri a la radio
"...moteur en feu ..."
Plus trop le temps d'ecouter. se concentrer sur la cible, la chercher la trouver, tirer, rentrer. Il voit les hangarettes. Sur sa droite, des flash plus insistants, plus fort que les premiers, surement plus proches. Et la cible qui semble ne plus avancer. Ou est ce foutu target ? Là sur la gauche, environ 20° de virage. Il bascule son avion, au ras du sol. Impression fugitive d'une ombre d'un avion au roulage. Les ailes a plats. Une fumée monte dans le ciel, reflexe, sequence reactive lancée. D'autres ont fait la meme chose que lui. Il voit des leurres rebondir sur le sol. Chercher le point exact a viser, encore un peu a gauche. D'autres fumées qui montent, flash continus sur sa droite, grillage de la base franchis presque en le sautant. Il faudrait monter un peu pour tirer, fumées au dessu de lui qui le dissuade, rester en bas. Les hangarettes devant la cible . Ca passe entre, rester collé par terre. En virant il voit un type dont le buste sort du sable, en train de tirer un SA7. Impression, realité ? Redresser, monter un peu, la cible devant, pas tres bien axée, une autre fumée qui part du sol, un jaguar qui break allegé de ses bombes, pleine charge pc. Aligner la cible avec le point, une petit correction, attendre un peu, encore un peu. Là ! Top, il écrase le BRM, compte trois secondes, passe presque sur le dos pour se recoller par terre, fuir cet enfer. Partout des flashs, des fumées de SAM, des fumées d'explosions. Encore 30 secondes, peut être 15 et il sera hors de portée. Rester par terre. Ne pas brancher la PC, qui attire les SAM comme le miel attire les mouches. Grosse explosion a ses 10 h, une bombes qui vient de tomber. Une rafale de traceurs qui passe sur le coté et va se perdre dans le sable.
C'est presque gagné. Un truc qui gueule, rester encore par terre avant de regarder d'ou ca peut venir. Coup d'oeil, Flash rouge qui clignotte dans la cabine, klaxon qui gueule. Pleine charge PC, s'en sortir. Pas de sensations de poussée, Moteur en feu. Tenir. surtout tenir, encore un peu. Febrilement il leve le cache de l'exctincteur, ecrase le bouton. Il n'a rien sentis, peut être une fausse alarme. Cap Sud, c'est le cap direct donné au briefing en cas de probleme. Ne pas monter, pas encore. Il annonce a la radio ses ennuis. Pas de réponse du leader. Il recommence, toujours rien. Le klaxon recommence, le voyant rouge de l'huile s'allume, puis celui du feu sur l'autre moteur. Exctincteur de nouveau, sueur glacée qui coule dans le dos. Ne pas toucher au gaz, ca vole toujours. trouver le prochain terrain, but 52 au GPS, cap 184, presque bon du premier coup.
Autour de lui plus rien, plus de flash, plus de fumée. remonter un peu, au cas où, souvenir d'un nuage rouge ourlé de noir. Rien ne se passe. Ca vole toujours. Monter encore un peu. Nouvelle essai a la radio, toujours le silence. Plus personne ne parle. Meme plus l'awacs. Klaxon encore, il ne verifie meme pas la panne, ca ne sert plus a rien. Plutot essayer d'aller le plus loin possible vers le sud et se preparer a s'ejecter dans de bonne condition. La vitesse se stabilse vers 350 kts. Continuer a monter, tout doucement. ne pas contrarier l'avion, eesayer de le deviner, de ne pas le pousser a bout, le faire tenir, jusqu'au bout. Une fumée noire sur la gauche. Convergente, trop noire pour être menacente. Encore un peu plus pres, c'est un autre Jaguar qui a l'air aussi mal en point que lui. Ensemble ils font route vers la terre promise. La présence de l'un rassure l'autre. Il semble se faire voler l'un l'autre. Au loin, une piste. Verifier l'IFF sur EMERGENCY, se poser. Directement. Le train sort tant bien que mal, les volets restent en place.
Un gyrophare au bord de la piste, un camion de pompier. Arrondir doucement. Contact rassurant des roues sur la piste. La vitesse diminue. Il freine doucement, dégage la piste, coupe les moteurs, ouvre la verrière. Hurlement des sirenes, fummée blanche d'un exctincteur. Une echelle. Impossible de bouger. Trop de tension. Il est vivant. Derriere lui son compagnon d'infortune arrive. Il ne peut s'empecher de lui lancer un grand sourire.

  El_Knell
   
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- ©2003 Bernard Valencelle 'Benhur' -