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.:: La guerre électronique dans Falcon 4.0 à la loupe ::.
Saturday 25 November 2000

S'il est un domaine à la fois connu et mystérieux, c'est bien celui de la guerre électronique.
Lors de tous les derniers conflits, de la guerre du Golfe à la Yougoslavie, on a entendu parler des missions SEAD (suppression of ennemi air defense) des F-16 HCT ou des F4-G " Wild Weasel " (aujourd'hui à la retraite). On sait par les journaux qu'aucune mission d'attaque au sol n'a lieu sans le support des EA6B " Prowler " ou l'escorte des F-111 " Raven " (eux aussi retirés du service actif). On entend beaucoup moins parler des dispositifs d'autoprotection des aéronefs engagés, pourtant eux aussi à tel point indispensable à la réalisation des missions, que ces dernières sont annulées s'ils sont en panne.

Essayons de lever le voile sur ces " multiplicateurs de force " ou " armes douces " (soft weapons), de voir comment ils sont simulés dans Falcon 4.0 et comment les utiliser.

La Guerre électronique est répartie en 3 grands domaines :

ES ou Electronic Support :
il s'agit de tous les équipements passifs, récepteurs d'alerte radar, moyens d'écoute et de renseignement électroniques qui détectent, analysent, identifient localisent et enregistrent les signaux du spectre électromagnétique (radio, radar, laser, IR) à des fins d'alarme des équipages ou de renseignement tactique ou stratégique. On parle encore de RWR (Radar Warning Receiver) ou de TWS (Threat Warning System), d'ESM (Electronic Support Measure) ou d'ELINT/COMINT (Electronic Intelligence ou Communication Intelligence), de DAM (détecteurs d'arrivée missile) ou de DDM (détecteur de départ missile) en anglais MAW/MWS.

EA ou Electronic Attack :
Il s'agit de la mise en œuvre d'émissions électromagnétiques ou de l'utilisation de dispositifs comme les leurres IR ou les paillettes à des fins de confusion ou de déception des moyens électroniques de communication, de surveillance ou d'attaque adverses (radars, missiles, radios). On parle encore au sens large de Contre Mesures Electroniques (CME ou ECM en anglais), de brouillage radar (jamming), de brouillage de communication (COMJAM), de leurrage.

EP ou Electronic Protection :
il s'agit cette fois des dispositifs ou techniques visant soit à assurer la compatibilité de fonctionnement (la capacité de fonctionner en même temps sans se perturber mutuellement) des équipements ES (récepteurs), EA (émetteurs) et du système d'armes et de navigation d'un aéronef (radio, radar, radio altimètre, VOR, TACAN etc…), soit à contrer les actions de type EA utilisées par l'ennemi envers ses propres moyens radio ou radar. On parle alors de Contre Contre Mesures Electroniques (CCME ou ECCM en anglais). Par exemple, l'agilité de la fréquence d'émission d'un radar est un moyen connu de CCME.

Dans FALCON 4.0, on n'utilise que les moyens d'autoprotection contre les émission hostiles électromagnétiques (RWR, brouilleur, lance leurre IR-flares- et lance paillettes-chaffs). La détection laser ou missile n'est pas simulée à juste titre car absente du F-16 réel US de ce type bien que l'AAR 54 détecteur de missile à UV soit prévu dans le Mid Life Update des F-16 Européens (aux dernières nouvelles, cependant, l'USAF a abandonné sa participation au programme AAR54 CMWS ce qui pose d'ailleurs bien des problèmes à la navy)


On simule aussi le fonctionnement d'un pod spécifique (emport externe en point latéral fuselage), le HTS, destiné à localiser les radars afin de leur envoyer un missile passif anti-radiation de type HARM.

Nous nous limiterons donc dans un premier temps à l'étude de ces dispositifs et réserverons une deuxième partie à la description didactique et à l'utilisation des moyens d'ESM/ELINT et de brouillage à distance de sécurité ou d'escorte.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, à savoir l'équipement du F-16, rappelons quelques principes de base.

LES RECEPTEURS D'ALERTE RADAR D'AUTOPROTECTION (RWR) :

Ces récepteurs sont destinés à intercepter les signaux radars qui balayent les avions qui les portent.
Ils indiquent généralement au pilote le type de radar (ou de forme d'onde-impulsion/cw) et la direction d'arrivée des signaux (DOA-Direction Of Arrival) sur une représentation de type PPI et à l'aide de signaux sonores.

Dans les équipements les plus modernes, le système d'arme auquel appartient le radar (il peut y avoir plusieurs radars par système d'arme sol-air) est identifié et sa distance estimée ou calculée précisément. L'affichage se fait alors non seulement sur la visualisation du RWR mais souvent aussi sur un écran de situation tactique qui permet de présenter au pilote un état exact de l'environnement perçu par les différents capteurs de bord (ES, radar, optronique, navigation). Une carte déroulante est généralement affichée en fond d'écran.

Il existe plusieurs principes de récepteurs qui présentent chacun leurs avantages et leurs inconvénients :

- Les récepteurs à détection directe encore appelés CVR (Crystal Video Receiver)

Le signal reçu par l'antenne est détecté par une diode afin de restituer son enveloppe (les impulsions radar ou le niveau continu d'un CW). On obtient un signal dit " video " qui permet de mesurer la largeur des impulsions, leur période de répétition (PRI), et leur amplitude. Une comparaison de ces mesures avec des fiches enregistrées permet d'identifier les radars.
Ces récepteurs sont soit très large bande instantanée (généralement 16GHz), ou découpés en plusieurs canaux d'environ 4GHz. La fréquence du radar reçu est donc soit inconnu soit très approximative. Elle ne peut être utilisée pour " trier " les radars.

Avantages : Probabilité d'interception des signaux 100%
Inconvénients : Faible sensibilité (le radar doit être puissant pour être détecté), discrimination des radars difficile (la largeur et surtout la PRI ne sont pas de bon paramètres de tri), éblouissement par un radar à signal CW qui " masque " les impulsions d'autres radar


- Les récepteurs IFM (Instantaneous Frequency Measurement) sont des récepteurs large bande instantanée comme les CVR mais qui mesurent la fréquence des signaux reçus à chaque impulsion. Bien sûr, la largeur, la PRI et l'amplitude sont aussi mesurées.

Avantages : Probabilité d'interception des signaux 100%, sensibilité suffisante pour détecter la majorité des radars, très bonnes capacités de tri des signaux grâce à la connaissance de la fréquence.

Inconvénient : Eblouissement par un radar à signal CW, difficulté de séparation de signaux superposés dans le temps


- Les récepteurs superhéterodyne (SHR) sont très proche d'un récepteur de radio FM (à la fréquence près)

Le signal reçu par l'antenne est mélangé avec un oscillateur local et déplacé vers une fréquence plus basse appelée fréquence intermédiaire (IF). La fréquence, la largeur, la PRI et l'amplitude du signal sont ensuite mesurés.

Avantages : Grande sensibilité possible, pouvoir de séparer des signaux proches en fréquence

Inconvénients : Bande instantanée étroite (quelques centaines à dizaines de MHz), Probabilité d'interception moyenne (risque de " rater " des signaux), pénalisés par les signaux peu récurrents (TWS, BFR) qu'ils doivent " attendre ".

Une sous famille récente de ces récepteurs sont les récepteurs numériques. Le signal d'entrée est numérisé et stocké dans une mémoire. On peut alors lui faire subir de nombreux traitements mathématiques comme des conversions temps/fréquence par transformée inverse de Fourier, ce qui permet de distinguer 2 impulsions superposée temporellement mais de fréquences différentes de quelques dizaines de KHz) ou faire des " loupes " sur l'intérieur du signal pour détecteur des codages ou ses fronts de monté pour percevoir des variations infimes. On parle alors de finger printing des signaux.

  King solomon
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- ©2003 Bernard Valencelle 'Benhur' -