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.:: Review IL-2 Sturmovik ::.
Tuesday 27 November 2001

Il y a plus d'un an, Check-Six (ha…il est bien loin le temps où nous n’étions qu’une poignée à nous y intéresser…) faisait un premier point sur Il-2, alors en quête d'un éditeur. Depuis, tout ceci a bien évolué: depuis Novembre 2000, Il-2 de Maddox Games est donc désormais distribué sur toute la planète, exception faîte de la Russie, par l'éditeur allemand Blue Byte, plus connu pour Battle Isle et The Settlers que pour ses sims militaires (ce qui n'est pas forcement mal… l'expérience Codemasters/Bohemia Interactive, vis-à-vis de Flashpoint étant un exemple d'adaptation momentanée plutôt réussie). On notera en passant la vague actuelle de jeux originaires des "pays de l'est" (Il2, Flashpoint, Hidden and Dangerous 2, Lock-on…) qui tendent à prendre la place des productions "occidentales", telles que CFS2 pour Il-2 ou Delta Force vis-à-vis de OFP, nos développeurs "capitalistes" sombrant souvent dans une sorte d'apathie créative (peut-être due à leur rachats successifs et leurs ennuis financiers constants), là où nos voisins des steppes ou de Bohème font des prouesses en innovant à tous les niveaux dans des concepts où la concurrence sait être rude.


Le fait qu' Ubisoft aie racheté Blue Byte et ses dépendances peut être considéré comme un gage de stabilité à long terme (du moins on l'espère pour B.B. et SSI); au bout du compte, Ubisoft s'implante solidement dans la simulation militaire, en couvrant à la fois guerre aérienne et navale, guerres d'hier, d'aujourd'hui et de demain, ce qui n'est pas pour déplaire à mon chauvinisme aigu, bien mis à mal durant quelques temps je dois le dire par la désobligeante aventure Infogramme/Hasbro/Microprose (les nouvelles sont bonnes de ce côté-là, tant mieux!).


Revenons à présent à nos moutons premiers…

Comme c'est si bien dit...
The great war begins


Entre mer et steppe…

Jusqu'à l'avènement d'Il-2, seul EAW "patchworké" comme une usine à gaz (pour employer l'expression de quelqu'un que nous connaissons bien sur le front de l'est virtuel) permettait des folies entre la Neva et la Volga, que nous avions à humblement imaginer quelque part entre l'Elbe et la Garonne, personne n'ayant jusqu'à présent modifié quoique ce à la géographie basique de EAW pour l'adapter un tant soit peu à la topographie du front Russe. Il-2 a d'ailleurs compris tous les inconvénients d'une carte d'une taille comparable à celle de EAW, même pour les machines d'aujourd'hui, et a tenu à diviser le front russe en blocs, comme précisé dans un vieil article antérieur que nous avions consacré aux théâtres d'opérations.
Nous avons donc les secteurs suivants :

1) 1941 - Smolensk
2) 1941 - Moscou
3) 1942 - Stalingrad
4) 1943 - Koursk
5) 1943 - Kouban
6) 1944 - Crimée.
7) 1945 - Berlin

Smolensk et sa région sont à 200km à l'ouest de Moscou; Stalingrad est située sur la courbe inférieure de la Volga; Kursk est située au-dessus de Kharkov et juste en-dessous d'Orel (c'est d'ailleurs plutôt la région comprise entre Kursk et Orel qui est représentée sous cette dénomination); "Kuban" tire son nom de la rivière Kouban qui y passe (partie asiatique du détroit de Kertch, secteur de Krasnodar, Novosiirsk, caucase supérieur…); la Crimée est une péninsule fermant la mer d'Azov (sud-Ukraine) et que les flankeristes en herbe connaissent bien. Quant à Berlin, j'espère pour vous que vous savez où c'est.


C'est donc la liste, par ordre chronologique, des territoires qu'on survolera en campagne et missions uniques. On remarquera ici l'absence de l'Ukraine occidentale (Lvov) et de la région du lac Balaton (Budapest) qui devraient tout de même être présentes, mais sous la forme de cartes dévouées à la conception de missions (prions…). La carte de Prokhorovka est également disponible et est entièrement dédiée à la plus grande joute blindée de l'histoire qui s'y déroula à la mi-juillet 43, dans le cadre de la bataille de Kursk.

On peut aussi faire moult objections, en commençant par s'affliger de l'absence de toute carte biélorusse, polonaise ou Prussienne-orientale, excluant toute activité vis-à-vis de l'opération Bagration et de tout défoulement au-dessus du Niémen, rendant ainsi la présence de Yak3 aux couleurs du groupe Normandie relativement incongrue dans la simulation…

Aucune trace non plus des territoires de Bessarabie par exemple, d'où une certaine impression de gâchis quand on voit l'implication des IAR-80 et 81 de conception roumaine, bel et bien présents dans le jeu, et qui ne verront donc que la neige et la boue de Stalingrad, bien loin des feux de Ploesti…
Les finlandais sont eux aussi mis de côté, mais toute la communauté de langue finnoise travaille d'arrache-pied pour imposer le front de Leningrad comme un passage obligé pour Il-2, ayant facilement convaincu Oleg de l'intérêt ludique et historique indéniable de ce secteur.


En campagne, vous vous engagerez au choix dans le VVS ou dans la Luftwaffe pour un tour complet de l'Europe orientale, qui démarrera donc aux alentours d'Orsha pour finir aux pieds de la chancellerie. Cette carrière vous baladera sur les différents fronts sus-cités de la guerre patriotique avec un système semi-dynamique. Entendez par là que vous n'aurez pas de campagne dynamique, mais des missions scriptées qui se succèderont les unes aux autres selon deux techniques différentes. C'est certes malheureux, et beaucoup de simmers ici sont déçus je le sais, et argueront que de tels systèmes sont caduques dans le monde de la sim actuelle. Nous en reparlerons.

J'admettrai que mon deuxième regret au niveau du choix des cartes, c’est la méchante habitude de celles-ci d'exclure involontairement, mais méthodiquement cependant, toutes les bases historiques du Normandie-Niemen, nous condamnant à faire décoller et poser nos Yaks depuis des bases tierces dans les missions dédiées… A la guerre comme à la guerre, le NN est tout de même franchement présent dans le jeu, avec un camo spécifique à l'escadrille, et la possibilité de choisir le camp français en multijoueurs (ce qui est plutôt charmant . Un Yak arborant fièrement (mais de façon erronée) les couleurs de feu l'aspirant Albert Durant est d'ailleurs disponible pour les missions uniques solo, comme montré sur la page des screens bêta de C6.

Enfin, on peut exprimer certaines réserves sur la représentations de plusieurs zones. La carte de Stalingrad est en particulier sujette à caution: des bras de fleuve qui n'existent pas, des villes qui disparaissent, des haut-lieux historiques tout bonnement déplacés, de grandes libertés prises sur la localisation des aérodromes… tout ceci donne un goût amer à cette carte lorsqu'on s'est un tant soit peu renseigné sur l'engagement avec plans de bataille à l'appui…


Pour ce qui est de leur représentation graphique, c’est une pure merveille. Mais si leur réalisation est des plus soignée, il faut reconnaître que le choix du théâtre oblige à une monotonie certaine des textures et des bâtiments. Ainsi, les zones de Koursk, Stalingrad, Moscou, Smolensk, lorsqu’elles sont prises en été, sont des plus fades, la campagne russe se résumant à des steppes vertes, des forêts, des rivières à perte de vue, comme dans la dure réalité (je peux le dire, je l’ai vu de mes yeux…) Cela se traduit par un tracé des plus monotones dans de grandes plaine sans dénivellation notable. Les villages se ressemblent tous, les villes ont toutes le même schéma, victimes de 20 ans de communisme intense…

D’autres cartes sont par contre extraordinairement belles; je pense en particulier aux cartes de Crimée et de Krasnodar, paysages paradisiaques bordées de plages depuis longtemps investies par les datchas de l’intelligentsia russe, puis soviétique. Le ressac frappe doucettement un littoral qui ne se ressemble en aucun point, et les amateurs de Flanker seront heureux de retrouver en Crimée les grands ravins auxquels ils sont habitués. Le combat dans ces gorges est fantastique, et sans hésitation, je désigne la palme du plus beau paysage à la contrée s’étendant de Eupatoria à Kertch, coincée entre les puissantes ravines de Yalta et les fortins du port de Sébastopol.

Il y a certes des hic, là encore. En premier lieu, la représentation générale des villes a de quoi choquer : en effet, d’une part toutes les maisons se ressemblent, et d’autre part, les soviétiques ne semblent pas domestiquer la construction à plus de deux étages, vu l’altitude basse uniforme qu’on constate sur tous les bâtiments de toutes les villes! De plus, aucun bloc de bâtiments (comme ceux de EAW par exemple) n’est visible, faisant de villes comme Berlin une grande esplanade où on pose ici et là des chapelets de maisons alignés en ordre certes, mais avec un espace de 10m entre chaque bâtisse…

Berlin, qui ne diffère point des autres villes du jeu hors ses monuments, et qui ne ressemble à rien vu d’en haut, étant parcouru certes par des artères visibles, mais qui ressemblent plus à des routes posées entre des colonnes de maisons bavaroises qu’à ce qu’on a tendance à voir dans les films d’époque… Et j’exagère à peine.

Mais c’est bien la seule ombre au tableau. Le reste du front de l’Est s’en sort, à mon avis, très honorablement.

  Alain-James
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- ©2003 Bernard Valencelle 'Benhur' -